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Récapitulatif d’événement : Points de vue des Membres sur le nouveau cadre mondial pour la biodiversité et sur les priorités émergentes en matière de politique et de plaidoyer

Lors d'un événement spécial d'engagement des Membres qui s’est tenu conjointement avec la première session de l'Assemblée générale de 2023, les Membres et les Membres d’Honneur du Consortium APAC ont examiné des ébauches d'analyses techniques et ont collectivement discuté d’idées et de priorités potentielles pour le travail de l’association en matière de politique et de plaidoyer en 2023 et au-delà

Récapitulatif d’événement : Points de vue des Membres sur le nouveau cadre mondial pour la biodiversité et sur les priorités émergentes en matière de politique et de plaidoyer

First published on 08/02/2023

Par Holly Jonas (Coordinatrice internationale, Secrétariat du Consortium APAC)
Traduit par Marie-Line Sarrazin


En décembre 2022, les Parties à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique ont adopté le nouveau cadre mondial pour la biodiversité après de nombreuses années de négociations et de retards dus à la pandémie. Le Consortium APAC a participé activement à l’ensemble du processus et a assuré une forte présence à Montréal pour les étapes finales des négociations et de l’adoption du nouveau cadre. Au début de l’année 2023, le Secrétariat du Consortium APAC a préparé deux ébauches d’analyses techniques en trois langues pour consultation avec nos Membres : l’une sur le nouveau cadre dans son ensemble et l’autre sur la cible 3 en particulier. Ces analyses seront révisées en fonction des commentaires reçus et devraient être publiées en avril ou en mai.

Dans le cadre du processus de consultation, le Secrétariat a organisé un événement spécial d’engagement des Membres le 30 mars 2023 afin de présenter les principaux éléments des ébauches d’analyses, de partager des perspectives spécifiques à chaque région et d’avoir une discussion ouverte sur les points de vue des Membres alors que nous définissons les priorités de notre travail en matière de politique et de plaidoyer pour 2023 et au-delà. Compte tenu de l’importance stratégique et de l’actualité de ces questions, cet événement s’est tenu consécutivement à la première session de l’Assemblée générale de 2023 de l’association.

Au cours de cet événement, Ameyali Ramos (Coordinatrice de la politique internationale pour 2020-2022) a présenté les principaux éléments des ébauches d’analyses du nouveau cadre mondial pour la biodiversité, qui ont été regroupés selon les six thèmes suivants :

  1. Intégration systématique des droits humains, de l’approche fondée sur les droits, de la justice et de l’équité ;
  2. Reconnaissance juridique des terres, des eaux et des territoires de vie collectifs ;
  3. Au-delà des aires protégées et des autres mesures de conservation efficaces par zones (AMCE) ;
  4. Investissements et incitations perverses, incitations positives et mobilisation des ressources ;
  5. Protection des personnes qui défendent les droits humains en lien avec l’environnement ; et
  6. Mécanismes de mise en œuvre.

Sur la base des discussions qui ont eu lieu lors de l’Assemblée régionale d’Amérique latine en janvier 2023, les Membres d’Amérique latine ont identifié les perspectives et priorités actuelles et émergentes suivantes (partagées par Carolina Rodriguez lors de la réunion) :

  • Organiser des espaces d’apprentissage collectif et développer des supports de communication et d’éducation, en mettant fortement l’accent sur « l’apprentissage par la pratique ». Les questions prioritaires à cet égard sont : la gouvernance équitable et inclusive, la « troisième voie » de la cible 3 et les droits des Peuples Autochtones et des communautés locales (sans préjudice envers les droits spécifiques des Peuples Autochtones). Les supports de communication et d’éducation doivent utiliser des méthodes, des langues et des formats culturellement appropriés.
  • Participer aux processus multilatéraux (en particulier la CDB des Nations unies) et assurer la liaison avec les organismes internationaux et régionaux pertinents (tels que le Forum international des peuples autochtones sur la biodiversité, le Caucus des femmes de la CDB, le Réseau mondial des jeunes pour la biodiversité, les organisations autochtones régionales, les réseaux nationaux, l’UICN, etc.)
  • Défendre les territoires de vie par des actions, des alertes anticipées et le partage d’expériences. Pour ce faire, il faut renforcer les capacités et l’expertise des Membres en matière de droit et de plaidoyer dans le cadre du thème de travail du Consortium APAC consacré à la défense des territoires de vie et des personnes qui les défendent.

Comme l’a mentionné Aquilas Koko Ngomo, les Membres et les Membres d’Honneur du Consortium APAC en Afrique se sont réunis de différentes manières depuis la COP15 en décembre 2022, y compris lors d’ateliers nationaux dans le Bassin du Congo et lors de petites réunions régionales pour discuter des prochaines étapes du Plan d’action de Kigali (un résultat majeur du Congrès de l’UICN sur les aires protégées en Afrique et des ateliers pré-Congrès en juillet 2022). Une vision commune et des actions prioritaires semblent émerger, notamment autour de la reconnaissance juridique et de la sécurité des territoires de vie et des personnes qui les protègent, du renforcement des réseaux nationaux et du partage d’expériences au sein de la région, bien que certains désaccords subsistent sur la manière de s’organiser dans la région (par exemple, par le biais de réseaux existants ou nouveaux). Il existe également une volonté d’adopter une approche intégrée de la mise en œuvre du nouveau cadre mondial pour la biodiversité et d’éviter le cloisonnement des sujets (par exemple, en se concentrant sur la cible 3 de façon isolée ou en excluant d’autres provisions importantes).

Nous encourageons la poursuite des discussions avec nos Membres dans toutes les régions et avec ceux de l’Asie-Pacifique, de l’Europe et de l’Amérique du Nord afin de mieux comprendre leurs perspectives et leurs priorités.

Au cours de la discussion ouverte, les Membres et les Membres d’Honneur ont exprimé leurs points de vue et leurs diverses idées et propositions sur ce que l’association devrait prioriser à l’avenir dans le cadre de notre travail collectif en matière de politique et de plaidoyer. Les principaux éléments soulevés comprennent les points suivants :

  • Se concentrer sur l’interprétation et la mise en œuvre créatives et progressives du nouveau cadre mondial pour la biodiversité aux niveaux national et infranational et plaider en faveur d’environnements favorables et encourageants (par exemple, par le biais de mécanismes financiers et de systèmes juridiques).
  • Ce processus de plaidoyer, d’interprétation et de mise en œuvre doit être ancré dans les processus d’auto-renforcement des communautés protectrices des territoires de vie et dans les réseaux nationaux. Ce processus doit également être ancré dans une approche d’« apprentissage par la pratique ». Un travail considérable a déjà été accompli par les Membres et doit être mis à profit ; nous ne partons pas de zéro.
  • « Traduire » et démocratiser le contenu et l’analyse du nouveau cadre, notamment par le biais d’orientations techniques et de supports de communication et d’éducation appropriés, afin qu’il soit plus accessible et compréhensible pour les personnes qui protègent les territoires de vie et les organisations qui les soutiennent. Mieux comprendre la cible 3 est d’un intérêt particulier, étant donné les défis historiques et continus que posent les aires protégées établies de façon descendante et la crainte que les gouvernements des états n’adoptent des approches similaires pour les AMCE, indépendamment des normes et des orientations internationales.
  • Faire le suivi, analyser et partager les connaissances, les expériences et les enseignements tirés de l’interprétation et de la mise en œuvre du nouveau cadre et des provisions spécifiques (telle que la cible 3) entre et au sein des réseaux nationaux, des régions et au niveau international. Cela comprend les expériences en matière de reconnaissance politique et juridique ainsi que les processus de plaidoyer connexes (par exemple, par le biais des processus de mise à jour des stratégies et plans d’action nationaux en matière de biodiversité des parties à la CDB).
  • Promouvoir une approche intégrée du plaidoyer, de l’interprétation, de la mise en œuvre, du suivi et de la reddition de compte du nouveau cadre (par exemple, en ce qui concerne le consentement libre, informé et préalable, les aires protégées et les AMCE par zones, l’article 8(j) et les dispositions connexes, les territoires de vie dans des contextes spécifiques tels que le pastoralisme ou les systèmes marins et côtiers, etc.). Bien que la cible 3 ait fait l’objet d’une attention particulière, nous devons considérer le nouveau cadre dans son ensemble et, plus largement, dans le contexte de la convention elle-même et de l’ensemble du droit international de la biodiversité adopté par les parties à la CDB depuis 1992.
  • Discuter de questions systémiques telles que la dégradation du climat et les violations des droits humains au nom de la conservation et d’autres secteurs spécifiques, ainsi que de sujets nouveaux et controversés tels que les autres mesures de conservation efficaces par zone, les marchés du carbone et les crédits et compensations pour la biodiversité (par exemple, dans le contexte des incitations perverses ou positives et du financement), et les approches divisées vs unifiées du plaidoyer fondé sur les droits. De telles discussions nous aideraient (collectivement) à mieux comprendre les interrelations entre ces questions et les implications potentielles pour les territoires de vie et les personnes qui les protègent, et à entreprendre des efforts de plaidoyer mieux informés et plus efficaces.

Une opportunité spécifique se profile à l’horizon : la Commission mondiale des aires protégées (CMAP) de l’UICN coordonne un processus visant à élaborer un guide sur la cible 3 pour le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), le principal mécanisme financier pour la mise en œuvre de la CDB des Nations unies. Que le guide sur la cible 3 soit plus régressif ou plus progressif, il aura probablement une influence significative et directe sur la manière dont les gouvernements des états interpréteront et mettront en œuvre la cible 3 et le nouveau cadre mondial pour la biodiversité. Participer à sa rédaction est donc une opportunité d’engagement stratégique pour les Membres et les Membres d’Honneur du Consortium APAC, s’ils et elles le souhaitent. La première version du guide sur la cible 3 est maintenant disponible pour examen, avec la possibilité de faire part de retours et de commentaires d’avril à juin, avant que le guide ne soit finalisé et lancé lors de l’assemblée du FEM en août 2023. Si vous souhaitez participer à ce processus, veuillez contacter votre équipe de coordination régionale et/ou envoyer vos commentaires directement au groupe qui rédige ce guide (T3Guide@oldtownhill.org).

OPPORTUNITÉ D’ACTION

Téléchargez la première version du guide du FEM sur la cible 3 (la version officielle n’est disponible qu’en anglais). Veuillez utiliser le formulaire de révision pour envoyer vos commentaires à l’équipe de rédaction de la CMAP de l’UICN à l’adresse suivante : T3Guide@oldtownhill.org. La date limite pour les commentaires sur cette première version est le 30 avril 2023.

Cet événement d’engagement des Membres du 30 mars a permis d’identifier un large éventail de sujets et d’idées pour notre travail en matière de politique et de plaidoyer en 2023 et au-delà, avec un accent particulier sur le nouveau cadre mondial pour la biodiversité. Une prochaine étape fondamentale consiste à établir des priorités et à concentrer nos efforts collectifs sur certains domaines de travail et sur des actions spécifiques et à clarifier qui sera en charge de mener les efforts, qui apportera quelles formes de soutien et quelles sont les ressources nécessaires pour faire avancer ce travail. Comme le Consortium APAC est une association basée sur l’adhésion et axée principalement sur l’action collective volontaire, il est particulièrement important de se concentrer sur ce que les Membres et les Membres d’Honneur peuvent accomplir ensemble et de soutenir la complémentarité et la pollinisation croisée des actions organisées de façon autonome. Lorsque les Membres ont des attentes et des demandes spécifiques à l’égard du Secrétariat, celles-ci doivent concorder avec les capacités existantes et les réalités au sein du Secrétariat et les respecter.

Si les Membres le jugent utile, le Secrétariat peut aider à organiser des rassemblements en ligne au niveau régional et/ou mondial pour discuter de ces priorités et d’autres actions de façon continue. Si cela vous intéresse, veuillez contacter votre équipe de coordination régionale, votre représentant au Conseil régional ou un autre membre du Secrétariat !