Ouverture au public d’une base de données mondiale sur la conservation par les Peuples Autochtones et les communautés locales

First published on 05/29/2024

Par Jasmin Upton, chargée de programme et Sol Fernandez-Rodriguez, chargée de programme associée au Centre mondial de surveillance pour la conservation de la nature du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP-WCMC)

Des informations sur des centaines d’APAC – territoires de vie[1] sont désormais accessibles au public sur le site web du registre des APAC : www.iccaregistry.org. Cette base de données mondiale présente ces territoires et leurs contributions essentielles à la conservation de la diversité bioculturelle.

Le registre des APAC, développé en 2008 grâce à une étroite collaboration entre le Consortium APAC, le UNEP-WCMC et d’autres partenaires, est également une plateforme de reporting qui renforce les preuves de l’importance de la conservation des APAC – territoires de vie. Il améliore la compréhension et la reconnaissance mondiale de ces zones cruciales et des pratiques de conservation de leurs protecteurs.

Les APAC – territoires de vie sont « les territoires et les aires qui sont gouvernés, gérés et conservés par les Peuples Autochtones protecteurs et les communautés locales protectrices ».

La boîte à outils du Consortium APAC explique que les APAC – territoires de vie font référence à « un phénomène millénaire, répandu, divers et dynamique que l’on retrouve sous différentes formes et appellations à travers le monde. Voici quelques exemples : wilayah adat, kaw, himas, agdals, tagal, yerli qorukh, faritra ifampivelomana, oran, ili, asang, rumak, qoroq, qoroq-e bumi, sapari, baldíos, crofts, regole, aschii… Selon les contextes politiques, on peut s’y référer en tant que « communs », « greens », domaines ancestraux, « contrées », aires du patrimoine communautaire, territorios autonomos comunitarios, comunales, territorios de vida, territorios del buen vivir, sites naturels sacrés, aires marines et territoires de pêches localement gérés, et bien d’autres encore ».

Les Peuples Autochtones et les communautés locales jouent un rôle central immense et sans précédent dans la gouvernance, la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité et de la nature mondiale. On estime que les territoires de vie, principalement gérés par ces communautés, englobent plus de 20 % des terres émergées de la planète et plus de 20 % de l’étendue des zones clés de biodiversité terrestres de la planète (Territoires de vie : Rapport 2021). Obtenir des données fiables sur les territoires de vie, y compris le nombre d’APAC, est une difficulté persistante. Néanmoins, le registre des APAC, en collaboration avec le Consortium APAC, le UNEP-WCMC et ses partenaires, travaille activement à résoudre cette difficulté.

Les Peuples Autochtones et les communautés locales consignent méticuleusement et de façon autonome des données sur les territoires de vie dans le registre des APAC. Ce processus implique une procédure de vérification rigoureuse basée sur un examen par les pairs lorsque cela est possible, pour garantir la plus grande exactitude des données. Il s’agit là d’un mécanisme servant à l’autodétermination, à l’autodéclaration et au partage des connaissances par les communautés protectrices, ce qui renforce encore la crédibilité de la base de données.

Les protecteurs des territoires de vie peuvent soumettre toute une gamme d’informations au registre des APAC – y compris des données géographiques, des photos et des études de cas – et explorer la façon dont d’autres communautés dans le monde gèrent et conservent leurs territoires et leurs aires.

Au début de l’année, une version améliorée du site web du registre des APAC a été mise en ligne. La base de données du registre des APAC est maintenant accessible en libre accès, fournissant des informations sur plus de 300 APAC – territoires de vie déclarés. La base de données peut être utilisée pour explorer de nouveaux affichages interactifs de données, des études de cas et des images.

L’information contenue dans le registre des APAC est le résultat d’un important effort de collaboration et l’aboutissement de nombreuses années de travail de la part des Peuples Autochtones, des communautés locales et de leurs partenaires de soutien, y compris de nombreux Membres et Membres d’Honneur du Consortium APAC. Les données autodéclarées sur la conservation menée par les Peuples Autochtones et les communautés aideront la communauté internationale à comprendre l’ampleur de leur rôle et fourniront une base de données probantes indispensable pour promouvoir la reconnaissance et le soutien des APAC dans le monde entier.

La plateforme améliorée héberge une nouvelle carte interactive affichant les APAC – territoires de vie qui ont été déclarés. Un tableau de bord résume aussi les dernières données à jour du registre des APAC : le nombre et l’emplacement des territoires de vie déclarés ; leurs objectifs, leurs structures de gouvernance et de propriété ; la façon dont ils sont reconnus par les autres ; les principales menaces auxquelles ils sont confrontés ; et les formes de soutien dont ils ont besoin.

Les droits, les actions et les contributions des Peuples Autochtones et des communautés locales au réseau mondial de conservation sont de plus en plus revendiqués dans les principaux accords internationaux, notamment au sein du cadre mondial pour la biodiversité (également connu sous le nom de « Plan pour la biodiversité »), qui reconnaît à travers ses nombreuses cibles les contributions vitales des Peuples Autochtones et des communautés locales.

Chez Snowchange, nous disons souvent : « Les APAC sont la meilleure chose depuis l’invention du pain tranché ». Les APAC prouvent de manière critique que les communautés peuvent être les protectrices de leur biodiversité, de leurs terres, de leurs eaux et de leurs aires si on leur en donne la chance, les ressources et les mécanismes pour le démontrer.

Le registre des APAC est un mécanisme important pour constituer une base de données probantes afin de démontrer à quel point les pratiques des APAC et de leurs protecteurs sont vitales pour la conservation mondiale.

– Tero Mustonen, président de l’association finlandaise Snowchange Cooperative et membre du comité directeur du registre des APAC

La publication de la base de données du registre des APAC marque une étape importante dans la visibilité des précieux efforts de conservation des communautés qui ont communiqué des données et travaillent dur pour conserver et sécuriser leurs territoires et leurs aires. Nous espérons que ces informations essentielles seront utiles aux protecteurs des APAC, qui pourront les utiliser pour améliorer le plaidoyer et la reconnaissance de leur APAC – territoires de vie, ainsi qu’aux gouvernements et aux organisations non gouvernementales, qui pourront faire appel à ces données pour évaluer et promouvoir les contributions des APAC aux objectifs politiques nationaux et mondiaux.

Pour en savoir plus

Explorez le registre des APAC et apprenez-en davantage sur les APAC – territoires de vie déclarés à ce jour en naviguant sur la carte interactive, en consultant le résumé des données et en téléchargeant la base de données du registre des APAC. Pour obtenir de l’aide pour naviguer sur le site web et pour télécharger les données, rendez-vous sur cette page.

Avantages de la déclaration

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les protecteurs des APAC – territoires de vie peuvent choisir de déclarer des informations sur leurs territoires de vie au registre des APAC : pour accroître la visibilité de leurs efforts de conservation, pour documenter les connaissances traditionnelles pour les générations futures, pour contribuer à un corpus croissant de connaissances sur les territoires de vie au niveau mondial, etc. C’est à la communauté des protecteurs de décider si elle souhaite que ses APAC – territoires de vie soient inscrits dans le registre des APAC.

Des informations sur la manière dont les données peuvent être déclarées dans le registre des APAC sont disponibles. Vous pouvez également contacter l’équipe du projet à iccaregistry@unep-wcmc.org, votre coordinateur national ou régional, ou un collègue du groupe de travail « Documenter les territoires de vie » pour en savoir plus.

Remerciements aux communautés protectrices

Grâce aux communautés de protecteurs qui en prennent soin, les APAC – territoires de vie comptent parmi les endroits les plus durables et les plus riches en biodiversité de la planète.

Ces communautés, leurs territoires et leurs aires doivent être reconnus et respectés, qu’ils aient été déclarés ou non au registre des APAC. Néanmoins, le registre des APAC et son nouveau site web sont des outils extrêmement utiles – et désormais accessible au public – qui démontrent les contributions vitales des territoires de vie et fournissent des preuves pour défendre les droits et plaider pour la reconnaissance des Peuples Autochtones et des communautés locales.

Le nombre de territoires de vie déclarés au registre des APAC ne représente actuellement qu’une fraction des APAC existantes. Nous encourageons les Peuples Autochtones, les communautés locales et leurs sympathisants intéressés à explorer la plateforme et à contribuer au registre des APAC pour que ce registre puisse refléter au plus près la réalité du terrain. Nous espérons que les Peuples Autochtones et les communautés locales, la communauté de la conservation au sens large et les décideurs politiques utiliseront ces informations vitales au profit des populations et de la planète.

Le registre des APAC est soutenu par l’Initiative mondiale de soutien aux APAC et par des partenaires locaux et internationaux, qui cherchent à apporter un soutien et une reconnaissance aux APAC – territoires de vie. Le UNEP-WCMC gère le registre des APAC en collaboration avec des représentants du Programme des Nations Unies pour le développement, le Consortium APAC, l’UICN, le Forest Peoples Programme, la Fondation Kenono (Nagaland), Snowchange Cooperative (Finlande) et Amazon Watch.

[1] Comme indiqué dans le texte, le terme APAC n’est pas un acronyme mais une abréviation. Il y a vingt ans, le terme était en fait « APC », un acronyme pour « Aires du Patrimoine Communautaires » (UICN, 2004). Ce terme a ensuite été complété par un A pour souligner le rôle des protecteurs autochtones, qui ont également insisté sur le fait qu’ils protégeaient des « territoires » plus que de simples « aires ». La formulation plus récente « territoires de vie » a ensuite été adoptée par de nombreux protecteurs et protectrices du Consortium pour exprimer le caractère riche et multidimensionnel des environnements dont ils sont garants. Le terme APAC est toutefois retenu car la formulation a fait son entrée dans la politique internationale, donnant sa visibilité au phénomène.